Publié le 24 avr. 2023 à 18:50Mis à jour le 25 avr. 2023 à 1:51
L’onde de choc se propage au sein de Fox News. La chaîne de télévision conservatrice annonce lundi le départ de Tucker Carlson, l’animateur vedette de son émission du soir et l’un des plus ardents défenseurs de la « liberté d’expression ». « Fox News Media et Tucker Carlson se sont mis d’accord pour se séparer », a indiqué la chaîne dans un communiqué judiciaire. « Nous le remercions pour ses services à la chaîne comme animateur et, avant cela, comme consultant », at-elle seulement ajouté.
L’annonce fait suite au règlement à l’amiable, contre la somme record de 787,5 millions de dollars, de la plainte pour diffamation des machines de vote Dominion, la semaine dernière. Fox News et ses animateurs avaient colporté sans preuves des accusations de manipulation du vote pendant la campagne présidentielle de 2020. Tucker Carlson est en outre soupçonné d’avoir médit sur la gestion de la chaîne.
Signe du séisme politico-médiatique créé par cette annonce, le cours de l’action Fox Corporation a cédé 5 % dans la foulée à Wall Street, avant de clôturer en recul de près de 3 %. L’animateur, qui a participé à la montée en puissance de Donald Trump pendant la campagne de 2016, a commencé dès lundi soir à être remplacé par des animateurs de la chaîne, en attendant une refonte plus durable.
Vache à lait
Si Fox News avait remporté un prix de distance de Donald Trump avec les résultats de la présidentielle de 2020, d’autres animateurs que Tucker Carlson ont nourri les divisions politiques à coups de contre-vérités ces dernières années, à l’instar de Sean Hannity ou de Laura Ingraham . La directrice générale de Fox News, Suzanne Scott, a également intégré la ligne éditoriale de la chaîne et assumé des positions tranchées.
La période est confuse pour Fox News et sa maison mère Fox Corporation. La chaîne reste une vache à lait pour le groupe, avec un taux de marge enviable, mais le groupe fait face à d’autres plaintes en diffamation, comme celle de Smartmatic. Et ses actionnaires minoritaires, comme ceux de News Corp, l’autre branche de médias de Rupert Murdoch, ont repoussé en janvier un projet de fusion de deux entités.
A un an et demi de la présidentielle de 2024, la recomposition de l’audience conservatrice des médias sera scrutée. De nouveaux réseaux ont été testés comme la chaîne Newsmax et One America (OAN). Une multitude de radios conservatrices et de podcasts d’opinion sont également diffusés sans bannière nationale.
De l’autre côté du spectre politique, la chaîne CNN, affaiblie par un blocage jugé trop ouvertment proche des démocrates pendant la campagne de 2020, a provoqué un recentrage. Les médias américains sont souvent clivés, notamment depuis la disparition dans les années 1980 de la « Fairness Doctrine », une régulation qui les obligeait à exprimer des points de vue balancés.